La plupart des gens connaissent bien l’éthique clinique, qui a trait aux interactions individuelles, habituellement entre un professionnel de la santé et son patient. L’éthique de la santé des populations est un peu moins connue. Rod Knight décrit ce domaine émergent comme un exercice d’équilibre entre les intérêts des individus et celles des populations, en tenant compte du contexte social dans lequel les décisions sur les interventions en santé des populations sont prises et en respectant, ajoute-t-il, « ce qui est moralement acceptable ou non ».
Rod est étudiant au doctorat à l’École de santé des populations et de santé publique de l’Université de la Colombie-Britannique et lauréat d’une bourse de recherche doctorale de l’ACRV; il se penche spécifiquement sur différentes questions entourant le dépistage du VIH dans divers contextes sociaux. À l’automne 2011, la Colombie-Britannique est devenue la première province canadienne à faire du dépistage un processus « d’abstention » plutôt que « d’adhésion ». Ce qui signifie que le dépistage sera offert de routine à tous, plutôt que simplement à ceux qui en font la demande. C’est l’approche recommandée par les Laboratoires de lutte contre la maladie (CDC) des États-Unis depuis 2006 et elle fait son entrée en Colombie-Britannique. Elle suscite de nombreuses questions et arrive à point nommé pour Rod comme intervention type qu’il souhaite soumettre à l’analyse dans le cadre de ses travaux de recherche de doctorat.
« Je ne dis pas que c’est bien ou que c’est mal, affirme Rod, mais nous devons en examiner toutes les implications et les conséquences, voulues ou non voulues. »
Les travaux de Rod s’inscrivent dans une étude de plus grande envergure sur les pratiques de dépistage telles qu’elles s’appliquent ailleurs, notamment à Rio de Janeiro au Brésil, et à Kigali au Rwanda. Ces villes utilisent des approches et des stratégies de dépistage plus ciblées.
Rod s’est fixé deux objectifs pour ses travaux de doctorat. Le premier est d’éclairer les interventions selon des critères d’éthique et d’efficacité à l’échelle des populations pour lutter contre le VIH. Le second est toutefois plus large.
« J’espère réellement faire valoir que nous devons tenir compte de l’éthique dans tout ce que nous faisons en matière de santé des populations », croit-il.
L’obtention de la bourse de recherche postdoctorale de l’ACRV a fait une énorme différence pour son travail, ajoute Rod.
« Cela m’a donné le privilège de poursuivre des études plus poussées », estime-t-il. « Et je tiens à souligner qu’il s’agit bien d’un privilège ».
Parmi les avantages conférés par cette bourse, Rod mentionne qu’elle lui a permis de développer deux propositions pour obtenir des subventions d’exploitation des Instituts de recherche en santé du Canada avec sa superviseure, la Dre Jean Shoveller; ces deux demandes ont été couronnées de succès et contribuent encore davantage à l’approfondissement de sa recherche doctorale.
« C’est un travail complexe, intéressant et important qui explore l’« équilibre » entre les intérêts individuels et collectifs, de même que les résultats sur la santé », explique la Dre Shoveller. « Même si l’éthique appliquée à la santé des populations est un domaine relativement nouveau, ses implications dans la pratique sont non négligeables. »
Rod a aussi pu participer au Congrès annuel de l’ACRV en avril 2012, où il a pris connaissance des plus récentes recherches sur le VIH et établi des réseaux, tant avec d’autres stagiaires qu’avec des chercheurs de renom dans le domaine. Il a aussi présenté sa recherche à l’occasion du 11e Congrès mondial de bioéthique en juin 2012.
Pour ce qui est de l’avenir, Rod est persuadé d’une chose – il est fait pour la vie universitaire, où il espère continuer d’approfondir les questions d’éthique associées au dépistage du VIH.