Comme le savent trop bien ceux qui l’étudient, le VIH est un virus dangereux, qui a une rare capacité d’adaptation, au point où chez chaque patient, il peut muter différemment pour contourner son système immunitaire. C’est ce qui fait qu’il est si difficile de mettre au point un vaccin.
C’est aussi ce qui a poussé Eric Martin à étudier au laboratoire de Zabrina Brumme et Mark Brockman, à l’Université Simon Fraser (USF). Il y a eu accès aux données cliniques et aux données de recherche provenant de plus de 2 500 personnes séropositives et regroupant plus de 25 000 génotypes du VIH, chacun reflétant une mutation différente du virus.
Récipiendaire d’une bourse de maîtrise ACRV/Abbott en virologie, Eric utilise la bioinformatique pour mieux comprendre et dégager les règles qui régissent la mutation du VIH en réponse à chaque système immunitaire. Il concentre sa recherche sur la façon dont le virus échappe à la reconnaissance des lymphocytes T, un processus qui, en temps normal, permet à l’organisme de lutter contre l’infection.
Il a conçu et déployé une base de données où il conserve et analyse les données des patients et qui lui permet d’examiner rapidement les facteurs liés à l’hôte et au virus susceptibles de contribuer au processus. Il est cependant le premier à reconnaître que l’informatique a ses limites si elle ne s’appuie pas sur une bonne compréhension de la biologie. Voilà où le travail expérimental entre en jeu, pour mettre au point de nouvelles techniques dans le but d’évaluer le fonctionnement des récepteurs des lymphocytes T spécifiques au virus.
Cette combinaison des sciences informatiques et du travail de laboratoire est une caractéristique unique de la recherche d’Eric et c’est ce qui la rend si valable selon ses superviseurs.
« Eric fait preuve d’une grande curiosité et d’un enthousiasme débordant pour la recherche scientifique. C’est en outre un penseur extrêmement créatif qui pose un regard neuf sur chaque question. Ces qualités, alliées à ses compétences uniques recoupant les deux disciplines, ont grandement contribué à sa réussite, et à la nôtre, à ce jour », fait remarquer la professeure Brumme.
« Le travail d’Eric nous a aidés à comprendre l’évolution du VIH et ses résultats nous permettront de définir avec plus de précision les types de réponses des lymphocytes T que nous aurions avantage à cibler au moyen de vaccins », ajoute le professeur Brockman.
L’objectif ultime d’Eric est de générer des connaissances qui favoriseront la mise au point d’un vaccin capable de conférer une immunité contre le VIH à l’état « normal » et transformé.
« Il est important de savoir comment le virus échappe au système immunitaire », affirme Eric. « Il est tout aussi utile de savoir à quelle étape un vaccin anti-VIH devrait idéalement déclencher une réponse immunitaire et à quelle étape cela pourrait en fait d’être nuisible. »
Eric estime que sa bourse ACRV/Abbott virologie a fait une énorme différence dans ses études. Elle lui a permis de se consacrer à temps plein à sa recherche et de travailler à d’autres projets avec des collaborateurs de l’Université Harvard et de Microsoft Research. Compte tenu de ses réalisations à ce jour, l’ACRV a prolongé sa bourse pour une autre année afin de lui permettre de terminer sa maîtrise. Après cela, il ne sait pas encore où il ira, mais la recherche sur le VIH/sida continue de l’intéresser.
« Je crois énormément en l’importance d’étudier l’immunologie et la virologie du VIH pour en arriver un jour à découvrir un vaccin », affirme-t-il.