« Mon désir de devenir scientifique remonte à l’école intermédiaire », de dire Derek Clouthier, bénéficiaire de la bourse doctorale ACRV/IRSC en sciences fondamentales. C’est au cours de ses études de premier cycle en biochimie que Derek a su que ce qu’il l’intriguait vraiment, c’était le système immunitaire de l’être humain et sa façon de réagir aux infections virales. Derek approfondit maintenant cet intérêt tout en poursuivant son doctorat à l’Université de Toronto. Son directeur de thèse, la Dre Tania Watts, travaille sur le virus de la chorioméningite lymphocytaire (VCML ou, en anglais, LCMV) chez la souris; ce virus provoque une réaction immunitaire étonnamment analogue chez la souris à celle du VIH chez l’être humain. Derek reconnaît par contre que, au départ, l’étude des infections virales chroniques n’était pas ce qu’il voulait aborder dans ses études de deuxième cycle; il a d’abord essayé de se pencher sur le système immunitaire dans le contexte de la malignité ou de la mémoire immunologique à l’infection virale. Par contre, fait-il remarquer, travailler avec le VCML et le VIH est l’occasion rêvée d’en savoir plus sur la façon dont le système immunitaire combat les infections virales chroniques.
Au cours d’une infection virale aiguë, le système immunitaire répond en produisant des lymphocytes T jusqu’à ce que le pathogène soit éliminé. Toutefois, dans le cas d’une infection chronique (comme le VIH), le système immunitaire finit par réduire sa réponse pour éviter une inflammation susceptible d’entraîner des dommages connexes dans les cellules non infectées. Même si c’est un volet important de la réponse immunitaire pour éviter d’autres dommages, le résultat regrettable est que le virus persiste. Dans le cas du VIH, cette infection chronique affecte gravement la santé et génère une comorbidité. Derek et la Dre Watts pensent qu’en stimulant le système immunitaire pour lui permettre de maintenir sa réponse, on pourrait réduire considérablement la charge virale, si on a en même temps recours à une thérapie antirétrovirale (TAR) chez les personnes séropositives au VIH.
Pour progresser dans cet ordre d’idée, Derek se concentre sur une molécule co-stimulatrice appelée GITR (récepteur du facteur de nécrose tumorale (TNF) induit par glucocorticoïdes). Il ressort des études antérieures que le GITR augmente la survie des lymphocytes T et la production de cytokine (stimulant l’activité du système immunitaire), mais son rôle dans les infections chroniques est mal compris. Derek soupçonne qu’en répliquant l’engagement du GITR avec son récepteur naturel à l’aide d’un agoniste, il serait possible de relancer la voie.
En deux années seulement au deuxième cycle, Derek a fait certaines percées importantes sur le rôle du GITR et son utilisation thérapeutique. La directrice de thèse de Derek, la Dre Watts, n’est pas étonnée du succès de son émule, qu’elle décrit comme quelqu’un qui sait bien où il va et qui apporte à leur laboratoire de grandes compétences techniques. Elle ajoute : « Il nous est arrivé d’un programme d’alternance travail-études et possédait donc déjà beaucoup d’expérience en recherche ». Et son expérience rapporte. Jusqu’à maintenant, il a obtenu des résultats prometteurs, qu’il publiera bientôt. En plus de ces résultats, il compte mener des études de suivi sur le VIH ex vivo parce que, fait-il remarquer, « le modèle VCML est riche d’enseignements, mais a des limites évidentes ».
Par contre, la recherche nécessite des frais et Derek est reconnaissant du soutien offert par la bourse d’études doctorales de l’ACRV en sciences fondamentales. La subvention de l’ACRV a couvert l’allocation de Derek, permettant d’utiliser les fonds pour appuyer sa recherche et l’aidant à faire connaître ses résultats lors de prochaines conférences. L’Association canadienne de recherche sur le VIH est fière d’accorder son appui à des étudiants comme Derek par ses bourses annuelles de recherche de maîtrise et de doctorat en sciences fondamentales, cliniques, épidémiologiques et sociales.