Brendan Osborne a travaillé activement avec les universités et les Réseaux des centres d’excellence du côté de la gestion des affaires émanant de la recherche afin d’aider les chercheurs à commercialiser leurs découvertes. Mais même s’il aimait son travail, il n’en a pas moins été toujours fasciné par ce qu’il percevait de la recherche elle-même. Donc, lorsque l’économie a piqué du nez en 2008, il a entamé des études de doctorat en recherches à l’Université de Toronto.
« Quelle transition! », affirme ce lauréat d’une bourse de recherche doctorale de l’ACRV, « La récession m’a réellement obligé à me demander ce qui me plaisait vraiment. »
Et son cœur, affirme-t-il, penche vraiment du côté de la recherche et de ses applications cliniques.
Sa recherche, qui porte sur des hommes de Toronto, tente de comprendre la transmission du VIH au niveau des muqueuses. Les antirétroviraux (ARV) ramènent très efficacement à des taux indétectables la charge virale dans le sang et le sperme chez la majorité des personnes traitées. Pourtant, certains de ces patients transmettent encore la maladie à leurs partenaires sexuels.
Bien qu’on en ignore la raison pour l’instant, certains hommes traités par ARV continuent effectivement de pouvoir transmettre le VIH par leur sperme, même si le virus n’est pas détectable dans leur sang, ce qui pose un risque indéniable. Durant ces épisodes d’excrétion virale, les hommes semblent présenter une activation immunitaire accrue, localisée aux voies génitales; or, cette activation ne s’observe pas du tout dans leur sang.
« Pour une raison inconnue, leur système immunitaire est simplement activé au niveau des voies génitales durant ces épisodes, » selon Brendan, et le VIH se divise plus rapidement dans les cellules immunitaires qui sont ainsi activées. »
Cela signifie que l’utilisation de la charge virale sanguine comme marqueur clinique risque de nous faire passer à côté d’une petite proportion d’hommes séropositifs qui, malgré un traitement ARV en apparence réussi, continuent de poser un risque de transmission.
Brendan travaille actuellement à mieux comprendre la propagation et ses causes et il veut vérifier si un schéma antirétroviral « intensifié », composé de cinq antirétroviraux actifs, pourrait atténuer ce phénomène. Dans le cadre de cette recherche, une cohorte d’hommes a été suivie de manière longitudinale (visites et prélèvements réguliers) à la Maple Leaf Medical Clinic de Toronto, en Ontario.
Brendan souhaite aussi vérifier pourquoi certains hommes séropositifs qui ne prennent pas d’ARV présentent des charges virales spermatiques égales ou supérieures à leurs charges virales sanguines, ce qui ne s’observe pas en temps normal dans cette cohorte. Il recherche les causes potentielles de cette sécrétion disproportionnée du VIH-1 dans le sperme, y compris les infections virales ou bactériennes, pour lesquelles en temps normal on ne ferait pas de dépistage.
La recherche de Brendan, qui repose sur la participation d’un groupe d’hommes séropositifs motivés d’une clinique de Toronto, permettrait de mieux comprendre la transmission du VIH au niveau des voies génitales masculines et pourrait orienter le traitement afin de maîtriser plus efficacement la réplication du VIH dans le sperme, l’un des principaux vecteurs de la transmission dans le monde.
Le superviseur de Brendan, le Dr Rupert Kaul, est d’avis que « Le travail de Brendan est tout à fait fascinant. Même si le sperme est le principal vecteur de la transmission du VIH dans le monde, il y a une réticence à étudier le VIH dans le sperme en raison du facteur « dégoût ». Il n’y a pas de doute, Brendan a maintenant droit à plus que sa part de mauvaises blagues et de sous-entendus! »
Brendan attribue le succès de sa recherche en partie à son expérience dans le milieu des affaires, fortement axée sur les résultats, et en partie à la bourse d’étude que lui a décernée l’ACRV et qu’il lui a fait pousser un « immense soupir de soulagement ».
« C’est très stressant de manquer de financement. Et le stress diminue lorsqu’on obtient une source stable de revenu. »