
« Ce qui m’a vraiment incitée à être présente dans la recherche sur le VIH et l’hépatite C, c’est le croisement entre la science et le comportement humain et la façon dont ils s’influencent. Par la compréhension des deux aspects, nous pouvons espérer changer la situation. » C’est ce que fait la Dre Marina Klein, professeure de médecine à l’Université McGill et codirectrice du Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC. Son travail dans la coinfection VIH et hépatite C a suscité des changements dans les lignes directrices cliniques de traitement et elle espère que cela pourra se traduire par des changements encourageants pour les personnes qui vivent avec cette coinfection. « La maladie hépatique demeure la principale cause de décès dans cette population et nous avons eu de la difficulté à faire en sorte que les personnes qui ont besoin de traitements les obtiennent, malgré que nous disposions de traitements de plus en plus efficaces, » d’expliquer la Dre Klein.
Ce qui l’a inspirée à amorcer une carrière en recherche sur le VIH, c’est l’avènement de la thérapie antirétrovirale en 1996. « Je me suis de plus en plus intéressée à soigner les patients infectés. Je me suis résolument tournée vers la recherche clinique, » de dire la Dre Klein. Au fil de sa carrière, la coinfection VIH/VHC est devenue un problème de plus en plus grave. Maintenant, la Dre Klein est au cœur de l’avènement d’un traitement contre le VHC : « nous sommes à un point tournant, comme nous l’étions en 1996 pour le VIH – nous avons subitement la totalité de ces outils exceptionnels. C’est vraiment excitant d’être actuellement dans ce domaine – les changements sont rapides et le potentiel est immense. »
Depuis 2003, la Dre Klein a dirigé une étude de cohorte prospective sur les patients coinfectés au VIH et à l’hépatite C dans l’ensemble du Canada. « C’était une énorme entreprise, » dit-elle. « Nous avons recruté plus de 1 400 patients et travaillons avec 18 sites différents établis dans des centres universitaires et des cliniques communautaires urbaines et rurales. Nous essayons de recruter des patients coinfectés au VIH et l’hépatite C qui rendent compte de l’épidémie canadienne et examinons les répercussions du traitement contre le VIH et du traitement contre l’hépatite C sur la santé et le bien-être de la personne. Finalement, nous voudrions pouvoir établir de quelle façon les interventions en santé peuvent vraiment aider les personnes qui vivent avec l’hépatite C et le VIH. »
Avec l’appui financier des IRSC depuis 2006, le projet chevauche de nombreuses disciplines de la recherche. « Nous avons des collaborateurs en sciences fondamentales, immunologie et phylogénétique, » d’expliquer la Dre Klein. « Nous œuvrons en épidémiologie classique et dans le travail basé sur la population, en scrutant les déterminants de la santé et les répercussions financières du traitement de l’hépatite C sur le patient. » C’est un vaste projet coopératif et la Dre Klein souhaite souligner l’apport de toutes les personnes concernées, tant les chercheurs que les participants. « Il me serait impossible de faire tout le travail que j’ai fait sans l’énorme soutien de mes collègues enquêteurs et des participants qui ont donné beaucoup de leur temps. »
L’étude, par son ampleur et son histoire, sert maintenant de vaste base de données permettant aux collaborateurs et aux biostatisticiens d’y puiser de l’information. La Dre Klein fait aussi remarquer que cela a été une excellente occasion, au fil des ans, de former des étudiants de deuxième cycle et de niveau postdoctoral à nombre d’aspects de la recherche sur le VIH/VHC. Une nouvelle subvention de base des IRSC lui permettra de poursuivre son programme de recherche au cours des sept prochaines années.
La Dre Klein est également membre du conseil des gouverneurs de la Société internationale sur le sida, qui œuvre pour offrir des traitements accessibles à ceux qui en ont besoin. « Les traitements contre le VHC sont les traitements les plus coûteux jamais mis au point pour une maladie humaine. Par quels moyens pouvons-nous les offrir au grand nombre de personnes sans pouvoir qui ont besoin d’être traitées? » Elle a récemment coprésidé la deuxième réunion internationale sur la coinfection VIH/hépatite préparatoire au congrès de la Société internationale sur le sida à Vancouver en 2015, dont l’objectif était de s’attaquer à cette question précisément.
L’Association canadienne de recherche sur le VIH/sida (ACRV), l’initiative de recherche VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l’alliance (BCA) de recherche et de développement de l’Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ISCVV), souhaitent adresser leurs remerciements à la Dre Klein pour sa contribution importante à notre compréhension du VIH. Son travail s’inscrit dans un vaste effort de recherche canadien qui améliore la vie des personnes touchées par le VIH au Canada et ailleurs dans le monde.