
Le Dr Keith Fowke, chef du département de microbiologie médicale et professeur au département des sciences de la santé communautaire de l’Université du Manitoba, décrit les cellules activées du système immunitaire comme une usine où la machinerie fonctionne bien – l’équipement parfait que le virus du VIH peut réquisitionner et utiliser à ses propres fins. Mais lorsque l’usine est à l’arrêt, le VIH n’a rien à pirater. Les complexités du système immunitaire et son rôle dans la prévention de l’infection au VIH sont l’objet principal des travaux du Dr Fowke depuis la fin de ses études.
En qualité d’étudiant à la recherche d’un travail de deuxième cycle, on lui a offert un projet avec le Dr Frank Plummer, qui étudiait un groupe de travailleurs du sexe kényans qui semblaient être immunisés contre l’infection au VIH. En plus de 25 ans depuis, le Dr Fowke a mis en lumière de vastes pans de la relation entre le système immunitaire et l’infection au VIH, y compris l’aspect contre-intuitif de la latence immunitaire. « Les professionnels du sexe que nous avons étudiés ont tous de très bas niveaux d’activation immunitaire de base. La principale raison pour laquelle nous croyons que c’est important est que, lorsque le VIH rentre en contact avec les cellules, il les infecte et se réplique environ 1 000 fois plus efficacement dans une cellule activée quand dans une cellule au repos. » Il se pourrait qu’un système immunitaire au repos soit la clé pour prévenir l’infection initiale au VIH par les voies génitales.
Le Dr Fowke suit cette ligne de réflexion dans deux de ses projets financés récemment par les IRSC. Le premier vise à caractériser l’expression phénotypique et génétique des cellules du système immunitaire (CD4 + lympocytes T). Il avance que la latence immunitaire initiale limite le nombre de cellules infectées et qu’une réaction immunitaire induite par mémoire élimine toute cellule infectée. Dans un autre projet, il étudie le recours à des médicaments anti-inflammatoires courants et bien tolérés (aspirine et chloroquine) pour « endormir » la réaction immunitaire et empêcher l’infection initiale. « Nous essayons de trouver des moyens de convertir un environnement muqueux à forte activation immunitaire en milieu plus latent, » de dire le Dr Fowke. « Dans une petite étude clinique de cohorte, certaines personnes prendront de l’aspirine ou de la chloroquine et nous verrons si l’activation immunitaire dans les voies génitales change. » Dans le cadre de ce projet, le laboratoire met au point des anneaux vaginaux en tant que méthode pour administrer directement les médicaments sur la muqueuse vaginale. L’étude passera bientôt directement aux primates non humains.
Combiné avec un vaccin, croit le Dr Fowke, ce travail offre d’énormes possibilités de réduire la transmission du VIH. « Nous avons une possibilité réelle et toute nouvelle d’empêcher les infections au VIH en partenariat avec des vaccins, » d’expliquer le Dr Fowke. « Si nous pouvons réduire le niveau d’activation immunitaire dans les voies génitales masculines ou féminines ou si nous pouvons réduire le nombre de cellules cibles dans les voies génitales, nous pouvons réduire le risque d’infection établie. Si une infection s’installe, la possibilité, pour un vaccin, d’éliminer toute infection qui persiste est plus forte. Puisque nous essayons d’intervenir avant que le VIH ne commence à se répliquer, cela peut signifier que nous pouvons éviter certaines des très capacités mutationnelles les plus puissantes du VIH. »
Cette recherche recèle la possibilité de modifier la façon de prévenir l’infection au VIH à l’avenir et cet aspect inspire le Dr Fowke à poursuivre ses travaux. « Présenter quelques idées nouvelles et être de ceux qui perçoivent la prévention de l’infection au VIH d’une manière nouvelle est vraiment gratifiant et enthousiasmant. Les membres du laboratoire de l’équipe sont très motivés et ce sont vraiment eux qui animent les projets, » de dire le Dr Fowke.
L’Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l’Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation Canadienne de Recherche sur le Sida (FCRS), le Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC et le Bureau de coordination de l’Alliance (BCA) de recherche et de développement de l’Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaiteraient féliciter le Dr Fowke de sa contribution importante à notre connaissance du VIH. Son travail s’inscrit dans le cadre d’un vaste effort canadien de recherche qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.