
Le Dr Jeffrey Joy, boursier postdoctoral au Centre d’excellence de la C.-B. sur le VIH/sida, à Vancouver, aime les vues d’ensemble, mais ce n’est pas qu’il trouve moins intéressants les vues plus réduites. En qualité de généticien évolutionniste, le Dr Joy analyse les relations génétiques entre les variantes virales du VIH et du virus de l’Hépatite C (VHC), dans la population canadienne, tant dans les populations que chez les individus. Par l’examen des multiples échelles et de leurs liens, il croit qu’il peut tirer des conclusions plus globales sur les processus qui façonnent l’épidémie.
La rapidité de mutation du VIH et du VHC signifie que le changement génétique intervient sur une échelle de temps observable (semaines ou mois). Part inférence des arbres phylogénétiques, les lignées virales peuvent être retracées à des ancêtres communs et, par conséquent, à un moment précis dans le temps, propriété qui facilite les inférences à propos des processus épidémiologiques qui structurent les épidémies.
Le Dr Joy mène actuellement plusieurs études sur la génétique du VIH dans un sous-ensemble de la population canadienne. Dans le cadre des soins cliniques sur le VIH, on prélève des échantillons chez des patients séropositifs au VIH en Colombie-Britannique et le Dr Joy travaille au moyen de séquences anonymisées prélevées chez plus de 7 700 patients. Aux dires du Dr Joy, « la Colombie-Britannique connaît l’une des épidémies les plus complètement échantillonnées au monde et nous pouvons réunir ces données à celles de l’ensemble du Canada pour tirer des déductions plus globales à propos à la fois des influences externes sur l’épidémie en C.-B. et sur l’épidémie canadienne de VIH dans son ensemble ». Les changements de la génétique virale au fil du temps dans une population et dans une personne permet également de tirer des déductions sur la prévalence, l’incidence et la démographie des nouvelles infections passées et présentes. Dans ses travaux les plus récents, le Dr Joy analyse en détail, du point de vue génétique, l’historique de l’épidémie de VIH en Colombie-Britannique dans diverses populations à risque. Les données de séquençage du virus offrent une manne étonnante de renseignements épidémiologiques et le Dr Joy continue à extraire plus d’information sur l’épidémie dans son ensemble, notamment en déterminant les zones géographiques où la pharmacorésistance est répandue et l’influence du traitement contre le VIH et la suppression de la charge virale sur les taux de transmission dans une collectivité.
En ce qui a trait au tableau réduit, le Dr Joy offre passe du niveau de la population à celui de l’individu. Le VIH mute, à l’intérieur d’une personne, et un individu sera porteur de nombreuses variantes. Ces variantes peuvent occuper des réservoirs cellulaires différents (types de tissus, types de cellules) dans l’organisme. « La façon dont le virus se compartimente chez un patient est un aspect sur lequel nous ne possédons que peu d’information, car nous nous attachons à la dynamique de population à plus grande échelle », d’expliquer le Dr Joy. « Nous ne savons pas comment les paramètres génétiques de population de VIH différents à l’intérieur d’une personne fonctionnent pour façonner les différents réservoirs. Nous aimerions mieux comprendre de quels réservoirs de l’organisme proviennent les virus circulant dans le plasma sanguin. » Cette recherche a des répercussions importantes pour comprendre de quelle façon les médicaments affectent le virus dans les différents réservoirs cellulaires du corps, puisque les médicaments n’ont pas tous la même capacité de pénétrer dans des compartiments corporels différents.
C’est la masse d’information contenue dans ces ensembles de données qui inspirent le Dr Joy. « Il existe des montagnes de données avec lesquelles travailler et j’aime l’utilité pratique que l’analyse de ces données a pour la santé publique au niveau de la population et en même temps, influe sur le traitement au niveau individuel, » de dire le Dr Joy. « Pour moi, les questions sont à la fois intéressantes et utiles pour les autres. » J’espère que mon travail pourra contribuer largement aux efforts visant à juguler l’épidémie. « Au niveau de la population, j’espère que nous pourrons aider à définir les populations où une intervention ciblée peut être la plus efficace, dans les régions où l’épidémie augmente, » d’expliquer le Dr Joy. « Au niveau de la personne, j’espère que les analyses que nous menons feront en sorte d’améliorer les traitements et nous aideront à comprendre comment cibler plus efficacement le virus. »
L’Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l’Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (FCRS), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l’alliance (BCA) de recherche et de développement de l’Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs félicitations au Dr Joy pour sa contribution importante à notre compréhension de l’épidémie de VIH. Son travail s’inscrit dans le cadre d’un vaste effort canadien de recherche qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.