
Le Dr James Blanchard était praticien généraliste au service médical Northern de l’Université du Manitoba, lorsqu’il a assisté à une conférence qui a changé sa façon de se percevoir en tant que professionnel de la médecine. J’ai réalisé les dimensions dans lesquelles une personne ayant une formation médicale pourrait s’impliquer en santé internationale et je n’avais pas vraiment envisagé la formation en santé publique pendant mes études de médecine », de dire le Dr Blanchard. Il a présenté une demande à l’Université Johns-Hopkins pour faire une résidence en médecine préventive. « Je me suis vivement intéressé à l’épidémiologie en tant que telle et en tant que science, particulièrement parce que c’est une science vraiment pragmatique et appliquée. »
Les intérêts du Dr Blanchard l’ont conduit en Inde, en Asie du Sud, où il a aidé à mettre au point des programmes de santé, visant notamment la prévention du VIH. Il disait : « Tandis que je continuais à travailler à la gestion des programmes, on consacrait beaucoup d’efforts sur les populations à risque. Dans le cadre de ce travail, j’ai commencé à intégrer certaines méthodes de recherche dans les projets proprement dits. Nous essayons d’intégrer nos recherches dans ces programmes, dans la mesure du possible. Nous voulons établir le lien entre concepts différents provenant de contextes différents afin de pouvoir réunir des connaissances transférables et élaborer un corpus de connaissances utilisable dans diverses parties du monde. »
Dans le cadre d’un grand projet financé par les IRSC et que mènent le Dr Blanchard et ses collègues, on examine l’émergence du VIH chez les utilisateurs de drogues par injection (UDI) dans plusieurs villes du Pakistan. « Ce que nous avons constaté, par la surveillance du VIH au Pakistan, c’est que l’épidémie est vraiment née chez les UDI, mais que les profils d’émergence sont très différents selon les villes : Certaines connaissent une épidémie très explosive et dans d’autres, l’épidémie se répand plus lentement. » Par contre, les profils de comportement, par exemple le partage des aiguilles, ne semblent pas différents d’une ville à l’autre. « Nous nous intéressons particulièrement à l’étude des aspects plus complexes de l’utilisation des drogues par injection. Comment les UDI se regroupent-ils géographiquement, de quelle façon sont-ils liés par des réseaux sociaux et géographiques? »
Le Dr Blanchard espère que les résultats de cette étude jetteront un nouvel éclairage sur la dynamique complète de l’usage des drogues et finalement, offrira quelques solutions de prévention. « Nous espérons arriver à mettre au point des méthodes et des outils qui nous aideront à comprendre quels sont les types d’organisations sociales, chez les UDI, qui sont les plus propices aux épidémies explosives et, peut-être, réunir certains indices pour savoir quelles sont les interventions les meilleures, plutôt que de simplement y réfléchir en tant que programme général de modification des comportements/de réduction des méfaits. »
À titre de co-enquêteur avec le Dr Marissa Becker (Université du Manitoba), dans une autre étude financée par les IRSC, le Dr Blanchard étudie la transition des femmes dans l’univers des travailleuses du sexe et les périodes de vulnérabilité et de risque concernant le VIH. Il ressort des recherches antérieures que, dans bien des cas, le risque de contracter le VIH semble se produire très tôt, chez les travailleuses du sexe. « Nous avons des preuves que beaucoup de cas de VIH se produisent avant que les femmes se considèrent elles-mêmes officiellement comme travailleuses du sexe – les programmes de prévention, habituellement, atteignent beaucoup trop tard les travailleurs et travailleuses du sexe », explique le Dr Blanchard. « Nous essayons de comprendre les profils d’entrée dans le travail du sexe et les périodes de risque dans la transition comme travailleur ou travailleuse du sexe. Existe-t-il une période d’activité sexuelle à plus haut risque ou d’activités sexuelles transactionnelles qui constitue un prélude à l’émergence dans le travail du sexe? Existe-t-il des façons particulières par lesquelles nous pourrions joindre les femmes pendant ces périodes afin de réduire le risque qu’elles contractent le VIH avant qu’elles ne soient normalement atteintes par un programme plus officiel concernant les travailleurs du sexe? »
La recherche du Dr Blanchard rend compte de l’importance de poser les bonnes questions afin d’obtenir les résultats les meilleurs possibles. « Je réfléchis beaucoup à la recherche qui est menée, mais qui n’est pas assez étroitement liée à des décisions et stratégies de programme. Nous espérons mener des recherches où l’on pose vraiment les questions pertinentes, des recherches qui peuvent guider la conception des politiques et des programmes. » Et il estime que travailler en santé publique est l’une des meilleures façons de rester en contact avec les vrais enjeux. « Ce travail nous plonge dans la collectivité », de dire le Dr Blanchard. « Quand je vais au travail, dans un endroit comme en Inde ou au Pakistan ou même en Chine, je travaille avec des collègues qui connaissent les enjeux. Cela nous permet d’entrer en contact avec les gens de la collectivité d’une manière qui n’est réalisable que dans de rares autres disciplines. »
L’Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV), l’Initiative de recherche sur le VIH/sida des IRSC, la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR/FCRS), le Réseau canadien pour les essais VIH (RCE) et le Bureau de coordination de l’alliance (BCA) de recherche et de développement de l’Initiative canadienne de vaccins contre le VIH (ICVV) souhaitent adresser leurs félicitations au Dr Blanchard pour sa contribution importante à notre compréhension de l’épidémie de VIH. Son travail s’inscrit dans le cadre d’un vaste effort canadien de recherche qui fait la différence dans la vie des personnes affectées par le VIH, au Canada et de par le monde.